11 avril – Un café tout chaud

Déballer ses affaires après les avoir emballées trois mois plus tôt réserve quelques surprises. J’avais oublié que j’avais tant de bazar…

Parfois les surprises sont bonnes (Haaa, ma veste en jeans! Ooooh le joli porte encens acheté à Shenzhen…).

Parfois mauvaises (Oh je n’avais finalement pas jeté ce sac rose en forme de chat qui fait un doigt d’honneur que Celui ou Celle Dont je Tairais le Nom m’avait offert… Aaaah, mais pourquoi ai-je embarqué ce poster que je voulais jeter?).

Et parfois cocasse. Oh ma cafetière italienne… qui sent très fort le café. Ah mais elle est pleine !

J’ai eu de la chance, j’ai eu la présence d’esprit de lui scotcher le couvercle avant de la glisser dans un carton (ça compense celle de la vider).

Elle ne s’est pas renversée !

Quelqu’un voudrait une tasse de café ?

14 janvier – Les mots du retour

Ca y est. L’heure de l’annonce a sonné. Les gens savent que 2024 sera fait d’un déménagement !

Nous recevons donc toutes sortes de messages qui se veulent être gentils et bienveillants – et oui, nous avons hâte de revoir les amis et la famille. Mais parfois, sans le vouloir, certains sont maladroits lorsqu’ils commentent notre retour.

Pour ceux n’ayant pas déménagé d’un pays à un autre, voici donc un petit mode d’emploi non exhaustif des choses à ne pas dire à des expatriés qui déménagent 😅 :

  • « Vous rentrez définitivement ? » – Cette remarque est celle que j’entends le plus. Je comprends ce qu’elle sous-entend : un retour pour vivre dans le pays de départ et non des vacances. Cependant, tout expatrié aura des palpitations en entendant le mot « définitif ». Je n’ai pas 85 ans, qui sait de quoi demain sera fait ? Pourquoi devrais je anticiper mes 40 ou 50 prochaines années avec un simple déménagement ? Rien n’est définitif dans la vie et je trouve cela rassurant !
  • « Ah, vous avez un déménageur, tranquille ! » – Euh. Oui… enfin… en Suisse, j’ai déménagé un certain nombre de fois, mais là, il ne s’agit pas de déménager de Lausanne à Morges en louant un camion. Nous allons changer de pays et traverser des mers. Au-delà des cartons, il nous faudra régler une tonne de détails administratifs (et dans une langue qui n’est pas la nôtre)… tout trier, résilier, annoncer, s’assurer que nous ne laissons pas un élément essentiel partir par erreur dans le container, tout scanner, tout récupérer et ne rien oublier. Et en sachant qu’il faudra recommencer de l’autre côté… Heureusement que nous avons l’aide de déménageurs, ou nous ferions une syncope.
  • Mais comment ça, tu es triste ? Tu n’es pas contente de nous revoir ? – Oui. On se réjouit de revoir la famille et les proches. Nous sommes contents sur de nombreux aspects. Mais nous sommes aussi tristes – et stressés… et nostalgiques. Nous allons laisser derrière nous de nombreux amis, un pays qu’on a adoré, une routine, des habitudes… des choses que nous avons apprises ! Nous sommes donc contents mais nous avons aussi le droit d’être tristes et ce n’est pas parce que nous sommes tristes, que nous ne sommes pas heureux de vous revoir ! Et on aurait très certainement envie de pouvoir parler de ces diverses émotions avec vous sans avoir l’impression que ça vous vexe.
  • Mais quelle jolie parenthèse vous avez vécue là ! » – Hurm… je n’ai pas vécu de parenthèses ni d’aventure ou d’expérience. Ces six dernières années ont été ma vie. Ma vraie vie. Je n’ai rien mis sur pause. J’ai vécu, changé… juste vécu ma vie, la vraie vie. Pour moi, ça a été six années capitales ! Pas une parenthèse imaginaire, une émission de téléréalité type Koh Lanta ou un joli petit voyage.

Sur ce, je retourne à mon tri et mon dépoussiérage !

30 décembre – Où l’on se perd dans Guangzhou

Ce matin, je me réveille tardivement. La fatigue aura eu raison de moi. Mais à peine levée, nous reprenons nos explorations.

Ce n’est pas simple. Les guides touristiques que je possède accordent à peine une page à la capitale du Sud. Je dois donc croiser les infos, chercher sur Internet, puis ensuite tâcher de trouver les adresses sur Google (qui ne comprend pas la moitié d’entre elles…) car l’application maps que j’ai sur WeChat est en chinois et je ne suis pas équipée d’un iPhone, seule alternative efficace.

Bref, après quelques investigations, nous filons donc vers le Yuexiu park qui renferme une partie de l’ancienne muraille de la ville, la résidence de Sun Yat Sen (encore une!) et une emblématique statue de cinq chèvres qui sont le symbole de la ville.

En effet, celle ci raconte que dans l’ancienne Guangzhou, il fut un temps où une sécheresse durait de nombreuses années. La nourriture était extrêmement rare et les gens luttaient contre la famine. Mais un jour, une mélodie s’est fait entendre dans toute la ville et un nuage est apparu. Sur celui-ci, se tenaient cinq dieux assis sur le dos de chèvres de cinq couleurs différentes. Chacun tenait une gerbe de blé à six tiges qu’ils donnèrent au peuple, accompagnés des cinq chèvres. À partir de ce moment-là, Guangzhou ne connut plus jamais la sécheresse et obtint de riches récoltes. Les cinq chèvres se transformèrent en pierre.

Bref, nous avons arpenté le parc. De nombreuses personnes âgées y faisaient du sport ou y chantaient à tue-tête. Au passage, nous sommes tombés sur le musée historique de Guangzhou situé dans un bâtiment datant de la dynastie des Ming. Et nous avons trouvé les chèvres – qui, je dois bien l’admettre, ne sont pas très jolies. Mais bon.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers un lieu qui avait l’air super sympa : Redtory. Un lieu près de la rivière avec d’anciennes usines transformées en galeries d’art et en lieu hipster. Nous avons donc traversé la ville (tous les lieux intéressants se trouvent aux antipodes les uns des autres). En arrivant devant, un garde nous a stoppé net. Il ne parle que mandarin mais le message est clair : personne ne passera. C’est alors que nous tombons sur un couple. La jeune femme est cantonaise et nous précise que le lieu n’a pas survécu au Covid. A l’heure actuelle, tout est abandonné et d’ici quelques mois l’endroit aura été transformé en supermarché géant.

Nous sommes au beau milieu de nulle part. Alors nous décidons de revenir dans un lieu touristique et nous dirigeons vers la tour de Canton, un building de 500 mètres de haut construit en torsade. Tout près de la tour, nous nous arrêtons manger des dim sum. Nous voulons comparer avec Hong Kong. Et ils sont délicieux, énormes et très frais. Les serveuses sont au petit soin pour nous.

Puisque nous y sommes, nous décidons d’escalader la tour. Nous prenons l’ascenseur… traversons les 45 boutiques de souvenirs et la vue est là ! Impressionnante malgré le smog.

En haut de la tour, un parc d’attractions a été aménagé : matériel de grimpe, œufs pour faire le tour de la structure, basejumping. Quand je vois l’état des rails des télécabines, je passe mon tour.

Un homme, assis sur l’un des plus haut pilier de la structure, répare quelque chose avec du matériel sommaire. J’ai des palpitations en le regardant. Il est accroché avec ses jambes, au dessus du sol, avec une petite balançoire en bois que j’aurais pu fabriquer moi-même. Il y a des héros du quotidien.

Nous redescendons. Il est déjà 5h du soir… et nous rentrons nous poser un moment.

Le soir venu, nous profitons calmement de notre dernière soirée en ville. Demain : direction Shenzhen pour le Nouvel An !

29 décembre – La belle Guangzhou

Pour passer le cap jusqu’à 2024, nous décidons de partir à la conquête d’une ville voisine de Hong Kong : Guangzhou, alias Canton. Située à 1h à peine en train de Hong Kong, on se devait d’aller l’explorer. Le jeudi matin, nous voilà donc à la gare de Kowloon Ouest pour aller prendre un train. On passe la douane, les contrôles. Et nous voilà en partance pour ce coin de pays que nous ne connaissons pas encore.

Une heure plus tard, nous y voilà ! Après avoir déposé nos affaires à l’hôtel, nous partons donc à la conquête de la ville. Et quelle ville. C’est immense… IMMENSE ! C’est la 3e plus grande ville de Chine, après Shanghai et Pékin et c’est la capitale du Sud de la Chine. 15 millions d’habitants y vivent sur 8’000 kilomètres carrés, soit 100 fois plus grand que la ville de Zürich qui fait 80 km carré (pour vous donner une idée).

Nous commençons notre visite par l’ile de Shamian, qui techniquement n’est pas une île mais un très joli quartier en bord de fleuve. Après la guerre de l’opium, le quartier fut une rétrocession étrangère : française et britannique. Elle a toujours son âme d’antan avec ses bâtiments coloniaux et ses couleurs pastels. C’est très joli.

Nous y flânons, tout comme de nombreux mariés qui se prennent en photos, aux côtés d’influenceurs de tous types.

Nous remontons ensuite jusqu’à la Qingping Road, une rue bordée de marchands de fruits de mer séchés ! Dans un grand bac, des scorpions grouillent. Des chats miaulent dans des cages. Des fumets délicieux s’échappent des magasins. Les gens sont très gentils. Ils nous saluent chaleureusement lorsque nous passons, sursautant quand je leur réponds en cantonais. Car OUI, ici la langue que je m’évertue à apprendre depuis 5 ans m’est utile ! C’est très satisfaisant ! Ils me comprennent et je les comprends.

Nous remontons les rues, observons tout ce qui s’y passe. Dans un des quartiers, des magasins d’emballage se succèdent. Des sachets par milliers : de toutes formes, tailles, matériaux… on sent toute la puissance manufacturière de Canton alignée sur les trottoirs.

Plus loin, se dresse la cathédrale du sacré-cœur de Shizhi. Elle a été construite en 1860 sur le modèle de la basilique de Sainte Clothilde de Paris. On se croirait vraiment en France. A la seule différence que les bancs sont tous occupés. Des touristes chinois pas dizaines se reposent sous la lueur des vitraux en parlant excessivement fort.

Vers 17h30, la pollution commence à augmenter massivement. Nous étions en air passable, on atteint le seuil airpocalyptique dixit notre application. Ma peau commence à me piquer. Une migraine m’attaque. Il faut rentrer, ce n’est pas bon.

Le soir même, la serveuse qui nous sert, se met à me parler d’opéra cantonais pendant le repas (en cantonais, je suis très fière). Puis le soir, à la télévision, nous tombons sur une chaîne de télévision complètement dédiée au genre. Nous sommes bel et bien à Guangzhou !

11 février – Ex-machina

Après plusieurs jours d’appels et de tentatives d’organisation avec notre propriétaire, deux techniciens passent à la maison pour vérifier l’état de la machine. Ils repartent aussi sec après l’avoir sortie de son emplacement. « Nous allons revenir, me disent-ils. » Ils ne reviennent pas.

Dans l’après-midi, un autre technicien débarque. Ce n’est pas le même. Il farfouille derrière et m’annonce qu’elle est morte. « On va la remplacer! Je reviens ! » Il ne revient pas.

Tous les échanges se font en cantonais alors je tâche de me concentrer et ne m’étonne pas si certains détails m’échappent.

La machine trône toujours au milieu de la cuisine et la cuisine se résumant à un couloir, on ne peut plus y entrer. On a pu ouvrir le tambour pour récupérer notre linge mais l’appartement sent l’eau croupie. C’est une horreur. J’aère et mets de l’encens partout.

Le lendemain matin, deux hommes viennent me livrer une nouvelle machine. C’était rapide. Je m’attendais à devoir laver mon linge à la main. Ils posent la nouvelle machine dans l’entrée. « On va revenir l’installer! » me disent ils. Ils ne reviennent pas.

Dans l’après-midi, un autre homme que je n’ai jamais vu toque. Il sort la vieille machine de la cuisine, la pose dans le salon. L’odeur d’eau rance ne faiblit pas. Il installe la nouvelle. « Le tuyau n’est pas assez long. Je dois aller en acheter un autre ! Je reviens. » Quelques heures plus tard, il revient vraiment !!!! Il branche le tout, démonte le four pour passer le tuyau derrière, remonte le four… Et tadaaaaam : nous pouvons enfin nettoyer nos culottes ! « Je vais revenir chercher la vieille machine, me dit il ». Il ne revient pas.

Le lendemain, les deux livreurs de la nouvelle machine reviennent. « Ah… mais elle est déjà montée ? » Ils poussent de grands cris étonnés. Moi je ne sais pas quoi leur dire. C’est le propriétaire qui gère les allées et venues des techniciens. Ils repartent sans prendre la vieille machine.

Plus tard, un homme arrive : « Je viens chercher la vieille machine! ». Il est seul avec juste une petite planche sur roulettes. Je l’aide à y caler la machine et il s’en va. Mais refuse de prendre le grand carton.

Une heure après, ça sonne à nouveau à la porte. Un homme se tient là. « Je viens chercher la vieille machine! », clame-t-il. « Ah mais vos collègues sont venus il y a une heure à peine. » Il est étonné. Ronchonne. Puis décide finalement de prendre le carton.

En 4 jour, nous avons eu la visite d’une dizaine de personnes. Mais la situation est finalement réglée.