14 avril – Les délices de Kyoto

Cette semaine, nous avons passé quatre jours à Kyoto, ancienne capitale du Japon et capitale de la zen attitude avec ses 400 temples et son charme d’antan.

Le premier jour, après notre installation au ryokan, nous allons manger dans un petit restaurant appelé Nishijin Nebiya. L’endroit est charmant et absolument local. Tout est en japonais mais Google translate est notre ami et nous dégustons l’un des meilleurs repas de notre séjour, à un prix on ne peut plus raisonnable.

Des tempuras aériens !

Les babines pleines, nous décidons de mettre le cap sur Daitoku Ji, un grand jardin regroupant de nombreuses anciennes écoles de bouddhisme zen. On sillonne sous les pins et entrons dans des maisons qui feraient rêver le plus ronchon des ronchons. Des pièces sublimes, des paravents peints avec douceur, des jardins à se pâmer… C’est d’ailleurs si beau que Nicolas Bouvier, lors de son séjour au Japon, en fût le concierge pendant 4 mois. Et moi aussi je m’y installerais bien.

Nous continuons à marcher jusqu’à la rivière Kamo. Nous voulons visiter le jardin botanique mais nous nous faisons avoir par le temps. A 4 heures, tout ferme : les temples, les jardins… suivis par les musées à 5 heures et les magasins à 6 heures. Les Kyotoïtes sont des couches tôt ! Nous redescendons le long de la rivière, flânons un peu et finissons à Gion, l’ancien quartier connu pour ses geishas, avec son architecture sublime. Il est 19h15, nous cherchons un lieu où manger mais tout est plein. A craquer. Impossible de trouver quoi que ce soit. Nous errons un peu et finissons dans un bar assez sympa mais si mal organisé qu’au bout de deux heures nous n’avons reçu qu’un plat sur les quatre commandés (et il s’agit de snacks, pas de plats très élaborés). De où nous sommes assis, nous voyons les cuisines et tout est frit, frit, frit, refrit. Nous sauvons nos artères et rentrons donc. Nous sommes en effet attendus au Ryokan pour l’heure du sento et on ne rigole pas avec ça.

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, je dois me lever. Je suis attendue au Lycée français de Kyoto où une classe de CP et de CM1 m’attendent pour un atelier créatif. J’y rencontre un collègue, Christophe Mauri, auteur talentueux pour enfants et ensemble nous stimulons l’imagination des petits. Puis, nous partageons un repas très sympathique avec les deux enseignantes qui sont vraiment supers !

L’après-midi, je rejoins Nicolas qui pendant ce temps est allé faire des photos sous des arches et nous allons nous balader au bord du chemin de la Philosophie, un sentier magnifique longeant le canal du lac Biwa. Il pleut… et l’heure tourne. 5h, les cloches résonnent. Tout ferme. Nous flânons en ville ! A 18h, traumatisés par notre expérience de la veille, nous nous arrêtons pour manger… L’heure des repas « à la Suisse » a sonné! C’est une bonne idée. A 18h30, le resto refuse du monde… et nous profitons de délicieuses spécialités de Kyoto. A 20h, nous faisons une marche digestive dans le vieux Kyoto en regardant les gens galérer pour trouver un endroit où s’asseoir et nous nous congratulons de notre ingéniosité d’avoir mangé tôt !

Le jeudi, le temps est sublime. Nous commençons la journée au marché de Nishiki où nous mangeons une omelette sur le pouce. Et nous prenons un bus pour rejoindre le Kiyomizu-dera, un temple superbe où mon prochain roman se passera. J’en arpente donc tous les recoins. Je me faufile dans un tunnel tout noir… le ventre de Bouddha… pour aller voir une pierre spéciale, remonte les allées, lit tous les panneaux tandis que Nicolas fait de magnifiques photos.

Après cela, nous redescendons par Ninenzaka, quelques ruelles charmantes bordées de boutiques. Si je m’écoutais, il me faudrait quelques millions et un container pour ramener tout ce que je trouve joli.

Comme nous sommes des estomacs sur pattes, nous nous arrêtons pour goûter à une spécialité que j’adore : de l’anguille dans un charmant petit restaurant, appelé Kaneyo. Nous nous rendons alors au Honen-In, un temple comprenant également une galerie d’art où je sympathise avec l’artiste. Puis nous marchons jusqu’au Gingaku-Ji, alias Pavillon d’argent. Ce jardin féerique comprend la villa d’un ancien shogun au goût sublime.

Il est 17h, l’heure du repos. Nous nous arrêtons donc dans un parc pour profiter des derniers rayons du soleil avant de nous diriger vers le centre pour croquer un morceau et finir la journée !

Le vendredi est notre dernière matinée à Kyoto ! Après un petit-déjeuner traditionnel à base de maquereau et de natto, nous visitons l’ancien palais impérial ! C’est majestueux…

Il est alors temps de nous diriger vers la gare pour rentrer à Tokyo ! Même le retour est un enchantement lorsque nous voyons le Mont Fuji se dresser vers le ciel depuis notre train rapide !

13 avril – Ryokan

A Kyoto, nous séjournons dans un ryokan, une auberge traditionnelle japonaise.

C’est une petite maison de deux étages composée de bois, de bambou, de cloisons en papier de riz avec un esthétisme fou. Les chambres sont munies de cloisons coulissantes et le sol est recouvert de tatamis en paille (sauf la nôtre, ce qui est très bien car les tatamis me donnent des allergies…). La salle de bain est commune et la douche est au sous-sol puisqu’il s’agit d’un sento, ces bains classiques japonais. Il y a aussi un jardin sublime qu’on peut observer en se baladant dans les couloirs.

Le lieu est tenu par un vieux monsieur et sa femme. Ils habitent là et se chargent de tout. Et comme nous sommes chez eux… il y a quelques règles à respecter… ce n’est pas l’hôtel!

Pour séjourner dans un ryokan, il faut donc enlever ses chaussures dans l’entrée et porter ensuite des pantoufles que l’on doit enlever devant chaque pièce où l’on entre : la chambre où l’on rentre pied nu… et les toilettes où il y a des pantoufles spéciales prévues à cet effet. On doit également se promener en yukata (un peignoir spécial) pour aller à la douche.

Traditionnellement, il est mal vu de se réveiller tard et de rester dans sa chambre toute la journée… (Bon, ce n’est pas vraiment mon style alors ça va). Il est également mal vu de rentrer après 23h, les portes étant fermées après cette heure là. Le gérant nous demande donc régulièrement notre programme et l’on doit s’y tenir… ce qui nous donne l’impression d’être en vacances chez nos grands-parents avec un horaire à respecter ! Mais ce n’est pas désagréable même si c’est surprenant au début.

Pour la douche, c’est pareil. Les horaires sont importants. Notre ryokan est pourvu de deux sento : deux salles de bains avec une douche et un bassin d’eau très chaude. On doit s’y doucher à des heures précises… et dans un ordre spécifique pour que tous les clients et habitants de la maison puissent en profiter avant 23h. Dans certains ryokans, les clients s’y mélangent (les femmes d’un côté, les hommes de l’autre…) mais dans le nôtre on y accède par chambre. C’est donc toute une organisation. Mais quel bonheur ce sento ! C’est comme avoir des thermes à la maison. Il faut se doucher avant d’entrer dans le bassin pour ne pas salir l’eau ! La température est idéale et c’est donc un moment de grande relaxation.

C’est la moins jolie des deux salles, l’autre étant faite en pierre. Mais la seule fois où j’ai pensé à prendre mon téléphone, on nous a attribué celle-ci !

Certains ryokans préparent également des repas. Mais pas le nôtre !

C’est donc toute une expérience que de loger ici. C’est comme vivre dans une famille d’accueil japonaise. Les propriétaires sont très gentils et s’agitent au service des convives présents dans la maison.

Si vous voyagez au Japon, tentez donc le coup. Les prix varient en fonction des ryokan et des services mais – que vous optiez pour un ryokan tout simple ou plus sophistiqué – cela vous donnera un bel aperçu des maisons traditionnelles et du mode de vie quotidien des Japonais !

10 avril- Le village aux 22 onsens

Après une petite semaine à Tokyo, nous voilà en vadrouille pour Nozawa Onsen, une petite station hivernale située au-dessus de Nagano.

Le village est réputé pour deux choses : ses belles stations de ski et ses sources chaudes. Le lieu est adorable : un air de nos villages suisses avec tout le charme nippon! On y trouve même une boulangerie tenue par un compatriote zürichois où je savoure un laugenbrot avec un plaisir non dissimulé !

Une fois installées dans notre auberge, nous partons à l’assaut des onsens (alias thermes japonais naturels). Il y en a 22 en ville. Ce sont de petites maisons en bois avec une section homme et une section femme, une zone pour se dévêtir et un bassin. Et le summum du summum : l’entrée est gratuite. L’eau – qui est brûlante – provient de trois sources différentes, me dit on et elles ont des vertus curatives. Mais aucune ne viendra au bout de ma toux provoquée par le pollen des arbres… qui me mène la vie dure.

Après la baignade, nous allons manger chez des amis de Zushi qui tiennent désormais un petit restaurant italien à Nozawa. Sans jamais être allé en Italie, le chef en a saisi toute l’essence. C’est un pur délice. Après le repas, nous refaisons un onsen. Et nous allons nous coucher, aussi détendues que repues.

Le lendemain, il pleut des cordes. Nous commençons donc la journée par un petit onsen, une visite de temple et un délicieux lunch au Shi Zen, un café végan tenu par une Australienne et servant de la nourriture divine. Pour digérer, nous refaisons un onsen. Et nous profitons d’une accalmie pour aller voir le lac du dragon. Pour ce faire, nous traversons la forêt. Au plein milieu de celle-ci, L. me dit nonchalamment : « Ha, regarde sur le sol. C’est une crotte d’ours. Il y en a beaucoup par ici. Si tu en vois un, ne lui tourne pas le dos, recule calmement… ». Le calme me quitte donc aussitôt et je me mets donc à chanter à tue tête de vieux morceaux… effrayant au passages ours, civettes, pigeons et hérissons. En arrivant au lac, un rayon de soleil caresse le paysage. C’est sublime. Mais l’heure tourne et nous revenons au village. Un cours de yoga face aux montagnes nous attend… et après celui-ci : un onsen évidemment, avant d’aller manger dans un charmant izakaya.

Nous nous rebaignons une fois de plus avant d’aller dormir sur nos jolis tatamis de paille. Et la deuxième journée se termine en douceur.

Au réveil, le paysage est blanc. Il a neigé pendant la nuit. Pour nous réchauffer (mais faut il une excuse?), nous commençons la journée… par un onsen (surprise, hein?). Nous enchaînons ensuite avec un brunch et allons visiter le musée du ski qui nous présente de manière très sympa l’arrivée et le développement de ce sport au Japon. Je découvre avec surprise que l’une des filles que L. m’a présentée la veille est une skieuse de haut niveau.

Après la balade, nous refaisons un onsen. Au retour, nous nous arrêtons près d’une zone où l’eau est si chaude qu’elle bout – alors qu’il fait froid au dehors. Il est évidemment interdit de s’y baigner. C’est très dangereux. Mais les villageois viennent y cuire des légumes et des œufs. Nous nous asseyons dans une échoppe et goûtons à ces oeufs d’onsen qui se mangent avec du sel. Nous goûtons aussi un mochi à base de bambou. C’est délicieux.

Mais, toutes les bonnes choses ayant une fin, si l’on en croit ce dicton calviniste, il est temps de redescendre. La parenthèse est terminée. Nous rejoignons alors Nicolas qui nous attend à Tokyo… prêts pour de nouvelles aventures !

05 avril – Les deux premiers jours au Japon

Après mon arrivée de dimanche, j’alterne balades et travail. J’ai la grande chance de pouvoir travailler en partie à distance ce qui me permet une certaine flexibilité.

Le lundi, avant de m’y coller, je descends à pied dans le quartier de Shinjuku. L. travaille dans les environs et je vais la rejoindre. Je flâne au travers des ruelles, traverse un grand parc où des militaires font une parade, écoute les clameurs du stade de baseball… ce qui me surprend car nous sommes lundi matin. Puis je rejoins la petite boutique où L. officie. Elle se trouve dans une ruelle adjacente à Omotesando et je profite de mon passage pour m’y balader. Je rejoins le temple de Meiji-Jingu. Là, une foule se presse, diverse et internationale. Des groupes allemands, brésiliens, français… il y a trop de monde et je fuis rapidement. Un peu au hasard, je remonte une ruelle noire de monde. Des boutiques vendent des costumes étranges, des barbapapas multicolores, des chaussettes aérodynamiques… et je me dirige vers la maison où le travail m’attend. En remontant, je me perds dans un cimetière où des dizaines de cerisiers en fleurs agitent leurs branches. C’est beau.

Le soir, nous sortons vers Shibuya où nous mangeons dans un restaurant spécialisé dans l’anguille. J’adore ça. Tout y est servi : des arrêtes qui sont frites et délicieuses (même si ça n’a pas l’air), aux poumons (moins mon truc) à la chaire (délicieuse et tendre).

Le lendemain, je suis en mission. Je vais aller présenter mon travail à l’École Internationale Franco-Japonaise de Tokyo. L’établissement est charmant, dans un quartier adorable et les enfants sont des petits anges. Je passe un super moment.

En rentrant, je confonds deux arrêts de métro… Il me faut une heure pour rattraper mon erreur et revenir poser mes affaires. Le labyrinthe de tunnels. Je suis surprise par les rames réservées aux femmes et me dis que c’est une bonne idée.

L’après midi, je vais découvrir le quartier où vit L. qui se situe à deux encablures de Kagurazawa, une ruelle marchande typique. Des hauts parleurs diffusent de l’accordéon et le temps est très doux. Puis le soir, je décide de cuisiner un plat « occidental ». Je vais faire les courses et je suis totalement analphabète. Rien n’est en alphabet latin. J’achète donc des choses au hasard, de visu, en espérant que ça soit les bonnes. La caisse fait le même bruit que des bornes de jeu vidéo lorsque des articles sont scannés.

Quelques heures plus tard, le résultat est plus ou moins correct.

Et la soirée se termine calmement.

25 janvier – Macau matinale

Pour notre dernière matinée à Macau, nous allons visiter quelques monuments qui étaient encore sur ma liste. Nous traversons donc le centre jusqu’à la Maison du Mandarin.

L’habitation a été construite par Zheng Guanying, un intellectuel chinois y ayant vécu de 1842 à 1921… La maison mesure plus de 4000 mètres carrés et abrite plus de 60 pièces! C’est une bâtisse sublime mêlant architecture traditionnelle chinoise de l’époque et éléments occidentaux, illustrant à merveille l’ambiance coloniale d’antan. La lumière pénétrant dans l’édifice par les diverses ouvertures rend l’endroit très poétique.

Après la visite, nous flânons un peu. Macau a un air de ville européenne avec ses pavés, ses jolies places, ses vieux scooters, ses ruelles en enfilade. Nous visitons une autre maison ayant appartenu à un homme d’affaires chinois réputé ainsi qu’un très joli théâtre. Et nous terminons notre séjour en mangeant de bonnes sardines portugaises dans un petit restaurant.

Mais le séjour touche malheureusement à sa fin et nous voilà contraints de prendre notre bus de retour… Ca aura été très plaisant et nous aura donné envie d’y revenir pour voir à quoi ressemble la ville sans les fermetures dûes au Nouvel An.

Nous récupérons nos bagages et nous rendons au point de départ du bus. La procédure est la même que pour l’aller. Le bus nous mène jusqu’à la douane. Nous passons les guichets, reprenons un bus et nous voilà en partance pour Hong Kong ! Dans le véhicule, une vidéo passe en boucle pour nous encourager à mettre notre ceinture de sécurité… Elle met en lumière – vidéos glauques à l’appui – un fait divers s’étant déroulé en 2012 dans le nord de la Chine. Un autobus, sur une route de montagnes, s’était vu prendre dans une coulée de boue. Le bus et les passagers ont fini dans un ravin. Je reste perplexe. Ceinture ou pas… je doute qu’il y ait eu des survivants. Les explications sont données par un ourson, ce qui rend la chose encore plus spéciale… mais tout est en chinois et je manque les informations de base.

Bref, après une trentaine de minutes nous revoilà à Hong Kong ! Les vacances sont terminées !

Merci Macau, nous reviendrons !