L’odeur nous happe dans la station de métro. Une effluve salée et indéfinissable quand on ne la connaît pas.
Et en sortant, tout s’éclaire. Les ruelles accueillent des dizaines de vendeurs de poissons séchés. Éponges, concombres, panses de poissons, crevettes ou coquillages, ils sèchent au soleil à même le trottoir. Les clients se pressent déjà face aux boutiques.
Un nouveau restaurant a ouvert en bas de chez moi. L’endroit ne paie pas de mine mais ne désemplit pas. Des néons criards, des tables en formica jaune, les baguettes posées dans un verre et des canards, des estomacs et des choses étranges suspendues devant les vitrines.
Ce matin, alors que je me glisse – un peu pressée – sur le trottoir, un camion s’arrête. Des caisses en sagex passent de mains en mains. Un couvercle tombe. Et là des dizaines de longues anguilles brillantes apparaissent. Elles se tortillent dans le bac, luisantes et apeurées. Je m’arrête. Me penche au dessus du récipient pour les observer… L’une d’entre elle me fixe. Le livreur éclate de rire en voyant ma curiosité.
Alors que jusque là j’aimais beaucoup les anguilles au riz… leurs petits yeux ne cessent de me hanter.
A Prince Edward, dans la fameuse ruelle où se vendent poissons de toutes sortes destinés aux aquariophiles, se cache un magasin entièrement dédié aux algues. Vertes, rouges, noires, brunes ou même bleues… petites, longues, touffues, moussues… tout se trouve et permettra aux amateurs de décorer leurs aquariums !
Dans la boutique, les clients se pressent et prennent leur temps. Ils hésitent, réfléchissent. Les passionnés sont délicats et leurs aquariums sont souvent de vraies oeuvres d’art. Ils ne choisissent donc rien au hasard…
De mon coté, je suis plus pragmatique. Je sais ce que mes petits poissons adorent… et je choisis vite, jouant un peu des coudes devant les étagères où flottent ces herbes marines !
La semaine dernière, en nous baladant sur la plage, je découvre d’étrange petites choses bleues posées sur le sable. Est-ce un fruit ? Cela ressemble en effet à un ramboutan coupé en deux… Je me penche. Puis, j’en aperçois des dizaines couchés sur le sable. Curieuse, je les prends en photo avant de demander à mon ami Yan s’il connaît ces étranges créatures. Yan est un ami d’origine macanaise qui connaît toutes les montagnes, tous les animaux et toutes les fleurs qui peuplent Hong Kong.
Le verdict est sans appel : c’est un Porpita porpita, ou blue button, en anglais… soit une petite créature marine se situant entre la méduse et la flottille. L’animal vit habituellement dans les mers tropicales et subtropicales — de l’Océan Pacifique à l’Océan Indien en passant par la mer Méditerranée. C’est un voyageur en somme.
Si je crois ce que je trouve sur Internet, il semblerait que cet organisme se déplace en flottant à la surface de la mer et se compose de deux parties : le flotteur et une colonie d’hydroïdes, qui contiendraient des pores capables de communiquer avec ses congénères. Il serait hermaphrodite et aurait une bouche multitâche, située sous son flotteur… qui permettrait de manger — notamment des larves de crustacés — et d’expulser ses déchets.
La bestiole n’est pas mortelle — mais comme toute méduse — elle provoque de légères irritations de la peau. J’ai donc abandonné tout projet de baignade, et je me suis contentée d’admirer ces jolis boutons bleus qui décoraient la plage.
À Hong Kong, les rues sont classées par thème. Il y a l’avenue des vendeurs de robinets, celle des magasins de matériel de cuisine, celle des fleurs, celle des aliments séchés ou plus surprenante, celle des boutiques d’animaux et de poissons.
Au début, j’ai trouvé cela plutôt étrange comme manière de fonctionner… et puis, avec le temps, j’avoue trouver cela très pratique. J’ai besoin d’un moule à gâteaux ? Je vais à Yau Mai Tei. Là, j’aurai l’embarras du choix !
À midi, je me suis donc rendue dans la rue des vendeurs de poissons. Mes chers poissons rouges sont voraces et ils dévorent régulièrement toutes les plantes qui se trouvent dans leur aquarium.