28 octobre – Ninh Bin ou la Ha Long terrestre

Ce matin, nous décollons vers huit heures pour nous rendre à Ninh Bin avec un guide et quelques touristes singapouriens, américains et néo-zélandais.

Le tour a un avantage : nous permettre en une journée et sans prise de tête concernant les transports de visiter à la fois Hoa Lu, l’ancienne capitale du Vietnam, le parc de Trang An aussi surnommé Ha Long terrestre… et de pouvoir grimper sur une montagne.

Sur le chemin, nous traversons une ville vivant sur l’industrie du béton. Le propriétaire de l’usine du coin semble avoir fait fortune puisqu’il a érigé en pleine campagne une reproduction de la basilique Saint Pierre de Rome en guise de maison. Pour ses deux fils, deux autres « monuments italiens » sont bâtis dans la rue parallèle. Si j’adore l’architecture italienne, le résultat me laisse perplexe… et je n’ose pas imaginer l’intérieur de la maison. Mais chacun ses goûts, n’est ce pas ?

Quelques minutes plus tard, nous arrivons à Hoa Lu, où pour l’occasion… le style colle mieux au paysage qui nous entoure. Entre 968 et 1010, Hoa Lu fut la capitale de trois dynasties du Vietnam, avant d’être déplacée en 1010, à Hanoï. Lors du transfert, ils détruisirent les monuments… ne vous attendez donc pas à un complexe historique dingue. Mais sur l’emplacement, le roi fit construire plus tard de nombreux temples et pagodes. Et c’est ce que nous avons visité aujourd’hui.

Après avoir déambulé un peu trop rapidement pour moi dans les lieux… mais il faut bien suivre le groupe… nous empruntons des vélos pour faire un tour entre les pics karstiques propres à la région. Pour l’occasion, je me laisse convaincre par le côté pratique des chapeaux traditionnels vietnamiens et j’en porte un sur la tête. Mais soudain, un coup de vent fait basculer mon couvre-chef sur l’avant du visage. J’ai donc le chapeau vietnamien plaqué sur mes yeux et je ne vois plus rien, alors que je suis en descente et que mes compétences en cyclisme ne sont pas à envier. Je m’arrête sans savoir où je suis en riant tellement que j’en lâche quelques larmes.

Après un repas plutôt décevant – la joie des tours – nous rejoignons le clou du spectacle : « la baie d’Halong terrestre », célèbre pour être le lieu du tournage du film Indochine. Le lieu est sublime… Reconnu comme patrimoine mondial par l’UNESCO, il comprend une forêt primaire préservée, une rivière, des grottes et des montagnes à couper le souffle.

Nous ramons pendant deux bonnes heures au milieu d’une nature préservée et apercevons un serpent d’eau, deux martins pêcheurs et un nombre incalculables de jolis canards roux.

Puis, nous terminons la journée avec l’ascension de la montagne du dragon à Tam Coc. De quoi m’inspirer une nouvelle histoire…

A flanc de montagne, des sculptures de dragons sont posées. De petites chèvres sautillent entre les rochers. C’est féerique. L’ascension prend environ 30 minutes. Rien de difficile… mais il fait si humide que je ne ressemble plus à rien en arrivant en haut (à l’instar des belles Vietnamiennes en robes traditionnelles qui grimpent la montagne sans une goutte de sueur…). Après cela… je bois un thé froid qui a exactement le goût du thé froid de la Migros (citron, s’il vous plaît….) et sur cette note positive, nous rentrons à Hanoi.

Honnêtement, l’excursion valait vraiment la peine, surtout pour la balade sur la rivière et la montagne du dragon. Même si, avec plus de temps, j’irais très certainement découvrir la région de manière plus spontanée.

10 octobre – Île déserte

Avec deux copines, nous partons explorer une île déserte. L’excursion est mythique et nous prend du temps… nous nous rendons jusqu’à Cheung Chau, puis là je négocie avec le propriétaire d’un sampang pour qu’il nous y dépose et vienne nous rechercher à la fin de la journée ! Le batelier ne parlant pas un mot d’anglais, je sors mon meilleur cantonais… et je gesticule en parallèle avec les mains. Pour valider le tout, je lui montre ce que je veux et j’écris en chinois sur mon téléphone avant de lui planter l’écran devant le nez. Il rit, dodeline de la tête mais je crois que c’est bon. Nous nous sommes compris. Il nous dépose donc sur l’île et viendra nous rechercher à 15h30.

Nous nous baladons, découvrons un ancien camp de réfugiés datant de la guerre du Vietnam, sillonnons les sentiers… entrons dans un temple, apercevons la mue d’un serpent (ce qui ne nous laisse pas vraiment tranquilles…) et finissons sur la plage la plus calme de Hong Kong, où de petits crabes courent de manière rigolote et adorable.

A trois heures trente, nous sommes prêts et attendons le bateau mais rien ne vient. Je ne m’inquiète pas. Mais à trois heures quarante cinq, je me dis que je vais quand même appeler le monsieur. Nous sommes un peu trop loin des côtes pour revenir à la nage… et même si j’ai tous les conseils de Mike Horn – ainsi qu’un couteau suisse – pour survivre sur une île déserte… je ne tiens pas particulièrement à passer la nuit ici. Je pense toujours au serpent… et je ne souhaite pas faire sa connaissance !

J’écris des messages au monsieur mais il ne réagit pas. Je l’appelle donc (et ça me stress beaucoup… téléphoner dans une langue étrangère est la chose la plus difficile au monde). Résultat : il rit au téléphone et je ne comprends rien. Je nous imagine déjà chercher des noix de cocos pour nous abreuver et frotter deux pierres pour faire un feu.

Finalement, il appelle une amie qui parle anglais pour s’occuper de la traduction… et tout s’éclaire ! Il a fait une sieste et s’est endormi trop profondément, nous oubliant en effet sur l’île. Il arrive ! Et comme il ne sait pas lire, tous mes WhatsApp consciencieusement écrits en chinois ainsi que les magnifiques démos que je lui ai faites avec mon téléphone n’ont servis à rien !

1h30 plus tard, le voilà ! Nous embarquons sur sa petite barque en nous sentons aussi vaillants que Robinson Crusoé !

08 octobre – Ferry

Il est 10h35. Nous attendons le ferry pour Cheung Chau. La foule se presse… passe les portiques. Debout derrière les grilles, un homme active un petit compteur pour savoir combien de passagers peuvent encore monter. Un autre homme maintient le pont abaissé.

En arrivant dans le bateau, celui-ci est rempli comme un œuf. Des familles sont assises et plaisantent. Des couples se pressent les uns contre les autres. Nous nous dirigeons donc vers l’étage supérieur mais un bouchon se forme dans les escaliers. Un homme attentif tient sa femme par le bras et le dos pour l’aider à monter les marches.

Nous nous glissons sur deux sièges. A mes côtés, un homme somnole. Il porte un masque vert assorti à son t-shirt. De l’autre côté, une femme avec une visière fait un jeu sur son téléphone. Une femme tousse, l’air gêné. Tousser est un geste peu apprécié depuis 2020. Derrière quelques enfants jouent, pressent leur nez contre la vitre pour apercevoir les îles et les vaguelettes qui s’écrasent contre la coque.

Cheung Chau, nous arrivons.

05 septembre – Man versus Wild

Ce weekend, je suis un ami en randonnée. Celui-ci est un pro. Il connaît Hong Kong comme sa poche ! Pour varier les plaisirs, il décide de nous emmener sur un parcours de son cru. Un itinéraire unique et inédit. Je le rejoins donc à Sai Kung où nous commençons la marche sur la partie 1 du MacLehorse trail. Jusque-là rien de méchant. Mais soudain, il nous pointe un fourré.

– C’est là, dit il en se faufilant parmi une végétation dense.

On se glisse à sa suite… on soulève des branches, on se griffe sur des ronces. C’est à ce moment précis que je les aperçois : des immenses araignées, larges comme ma main, pendues aux arbres par dizaines. Mon stress augmente d’un cran. Je suis sûre que certaines sautent sur mon dos par sadisme. Tout me gratte mais c’est psychologique. Après une bonne demi-heure à frôler ces immenses bestioles, on débouche sur le bord d’un réservoir.

Personnellement, je n’ai jamais marché sur le bord d’un réservoir. Et là je comprends pourquoi : les roches sont friables comme de la craie. On pose le pied dessus, celles-ci se désagrègent… il faut donc être extrêmement vigilant. J’ai l’impression de marcher dans le désert du film Dune, en devant m’assurer de ne pas réveiller le ver de terre géant. Je tombe à plusieurs reprise et mes jambes se couvrent de bleus.

Nous arrivons près d’une presqu’île qu’il faut traverser. Celle ci est recouverte de petits buissons piquants. Je suis en short. De grosses griffures lacèrent ma peau.

Bon. A ce moment là, il faut bien l’admettre. Je peste un peu intérieurement. Il fait chaud et j’ai mal. Mais je continue vaillamment… Je réveille le MacGyver qui dort en moi. Le paysage est splendide…

Après deux bonnes heures à marcher en redoublant d’attention pour ne pas rouler dans le réservoir, nous arrivons au bas d’une pente recouverte d’herbes épaisses.

– C’est là haut! nous dit il.

On s’accroche aux brins qui se plient sous notre passage. Ca glisse. On tient bon. Puis finalement, allélujah ! La route !

Je suis recouverte de terre, de sang, de sueur. Par dessus le marché, j’ai réussi à me mettre de la crème solaire dans l’oeil. Je ressemble à Rocky après un match. On aura fait 5 kilomètres en 4h… mais il faut bien admettre que c’était sublime… et que c’est un parcours qui restera dans ma mémoire.

20 avril – Nam Sang Wai

Lundi, comme nous avons congé, nous décidons de nous rendre à Nam Sang Wai, une mangrove proche de Yuen Long.

Nous louons des vélos, nous approchons de la rivière et montons dans une petite barque qui permet d’accéder à l’îlot. Là, un village abandonné nous attend, ainsi qu’un sentier dans la forêt… et le marécage en son centre.

L’endroit est connu pour être un lieu où se posent les oiseaux migrateurs. Dans les fourrés, on entend les grenouilles qui s’égosillent… au dessus de nos têtes, volent des dizaines de libellules tandis que des moustiques se font un festin de nos jambes.

Il fut même un temps l’endroit où s’ébattait Pui Pui, un immense crocodile, acheté illégalement et relâché par son propriétaire. Alors que tous les oiseaux disparaissaient les uns après les autres, les gens ont commencé à se poser des questions. Il a fallu alors faire appel à un crocodile catcher, venu spécialement d’Australie pour attraper la bête. Elle vit désormais au wetland park… et une grande votation a été organisée dans toute la région pour choisir son petit nom, Pui Pui.

Nous continuons la balade. Le chemin est en terre et c’est très agréable. Puis, alors que nous arrivons sur un grand champ, nous sommes surpris : de nombreuses familles vont du modeling, d’autres s’amusent avec des drones… certains jouent à des jeux de ballon. Ils sont posés tranquillement et profitent de leur jour férié.

Plus loin, des voitures se sont engagées dans un chemin interdit aux véhicules et se trouvent coincées. Je ricane en zigzaguant autour d’elles avec mon vélo tout terrain.

Après une bonne heure et demie, nous finissons la boucle du marécage et arrivons à Yuen Long. Ce n’était pas très long mais c’était plaisant.