Nous passons sous le tunnel qui relie Happy Valley à Wan Chai. La galerie est longue, tout en dédales. Il y fait chaud. Depuis toujours, c’est un endroit où les sans-abris se réfugient. La dernière fois que j’y étais passée quelques matelas épars étaient posés à même le sol… parfois des caddies ou deux trois affaires personnelles. Mais les choses ont changés.
Aujourd’hui, alors que nous nous enfonçons dans les profondeurs, je m’arrête, pétrifiée. Ce sont des appartements qui se trouvent là. Des meubles tels que des armoires, bibliothèques, sofas, de l’électroménager (non branchés évidemment) ou lits délimitent les espaces personnels de chacun. Des draps ont été tendus pour préserver leur intimité. Il y a des plantes vertes, des statues de Dieux, des jouets ou des valises… le tout sur toute la longueur de la galerie. Plus loin, il y a des tentes. Le long de la rigole, des bacs contenant des produits ménagers ont été installés. L’odeur est entêtante. On entend derrière les rideaux tendus, les gens vaquer à leur vie quotidienne. Mais rien ne semble normal.
Ma gorge se serre. C’est un raz de marée qui s’est abattu sur ces gens là…