Un nouveau restaurant a ouvert en bas de chez moi. L’endroit ne paie pas de mine mais ne désemplit pas. Des néons criards, des tables en formica jaune, les baguettes posées dans un verre et des canards, des estomacs et des choses étranges suspendues devant les vitrines.
Ce matin, alors que je me glisse – un peu pressée – sur le trottoir, un camion s’arrête. Des caisses en sagex passent de mains en mains. Un couvercle tombe. Et là des dizaines de longues anguilles brillantes apparaissent. Elles se tortillent dans le bac, luisantes et apeurées. Je m’arrête. Me penche au dessus du récipient pour les observer… L’une d’entre elle me fixe. Le livreur éclate de rire en voyant ma curiosité.
Alors que jusque là j’aimais beaucoup les anguilles au riz… leurs petits yeux ne cessent de me hanter.