Parce que c’est beau (et que je suis un peu folle)… j’ai décidé de me lancer dans l’apprentissage de l’écriture chinoise ! Depuis deux mois, j’essaye donc – avec, en toute honnêteté, un succès relativement mitigé – d’apprendre à lire et à écrire le chinois !
Mais alors, comment ça marche, cette écriture chinoise ? Parce que moi, jusqu’à présent, j’ai été habituée aux langues avec un alphabet… une vingtaine de symbole dont chacun signifie un son particulier. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est logique… et quand on se rappelle d’un son, on peut prononcer le mot – même si on ne le comprend pas.
Le chinois, lui, ne fonctionne PAS DU TOUT comme ça ! Voici un petit point sur les choses qui changent par rapport à notre cher alphabet latin.
Le mandarin versus le cantonais
En Chine continentale, les chinois lisent le chinois simplifié. A Hong-Kong, ils lisent le chinois traditionnel. Ces deux manières d’écrire sont différentes. Le chinois traditionnel, utilisé à Hong-Kong, a été créé en 500 après Jésus Christ. C’est donc une très vieille langue. A la différence du chinois simplifié, le chinois traditionnel est beaucoup plus alambiqué – plus joli aussi.
Le chinois simplifié quant à lui – comme son nom l’indique et comme vous le voyez ci-dessus – est plus simple. Il a été créé lors de la révolution culturelle chinoise des années 1950. En effet, le gouvernement voulait faciliter l’accès à la culture et au savoir au peuple… et de ce fait, il a voulu rendre cette écriture plus accessible.
Hong-Kong n’ayant pas vécu la révolution culturelle, elle utilise toujours l’ancienne manière de faire. Idem pour Taïwan. Vivant à Hong-Kong, j’apprends donc le chinois traditionnel (ce qui franchement, ne me facilite pas la tâche). Heureusement, toutefois, certains caractères sont les mêmes, comme le mot « yan » – personne.
Les caractères
D’après ce site, le Grand dictionnaire de la langue chinoise compterait 56’000 caractères…. On est un peu ridicules, nous, avec nos 26 petites lettres. Une personne lettrée connaîtra entre 4000 et 6000 caractères. Si vous en maîtrisez 3000, vous pourrez vous débrouiller pour lire des choses basiques (le journal par exemple) !
Mais comment font-ils ? Comment font-ils pour apprendre AUTANT de choses ? Le cerveau des chinois doit être surdéveloppé face au nôtre. Eh bien, il paraît qu’il y a des trucs que je vais vous lister :
- Tous les caractères chinois sont fait : soit d’une composante simple, soit de composantes combinées. Il y a quelques centaines de composantes simples… qui, une fois associées les unes aux autres donneront d’autres significations.
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Certains de ces composants ressemblent à ce qu’ils signifient. Ouf, cela nous facilite la vie…
- Certains de ces composants simples sont ce qu’on appelle des radicaux. Ces radicaux – s’ils sont intégrés à un caractère plus complexe – vous donneront des indices sur la signification du caractère final. Par exemple, le radical de la pluie, mis dans un mot, vous indiquera que le caractère aura un lien avec la météo, tandis que le radical cœur intégré dans un caractère complexe vous précisera que ledit caractère aura un lien avec les sentiments.
- En mandarin, certains caractères peuvent vous aider à savoir comment sonnent le mot oralement. On appelle ces caractères des phonétiques. Mais bon, dans mon cas ça ne m’aide pas du tout… ça ne marche qu’en mandarin et moi j’apprends le cantonais.
D’après mon bouquin Mandarin Chinese Character, « lorsque les enfants chinois apprennent à lire et à écrire, ils rencontrent souvent des caractères qu’ils n’ont jamais vus auparavant. Mais, ils sont capables de les lire. Ils commencent par identifier les composants de base qui constituent le caractère, puis utilisent leur expérience de ces principes pour faire des suppositions rapides – mais logiques – sur le sens et parfois sur le son du caractère. »
Mesdames et messieurs, je pense que la conclusion est simple : respect absolu pour les chinois. Ils ont une logique, une patience et une capacité de mémorisation surhumaine !!!
L’ordre des strokes
Ensuite, chaque caractère est composé de strokes… ces petits bâtonnets qu’il faut dessiner dans un sens précis. Chacun de ces bâtonnets est écrit selon des règles. Ces règles permettent de s’assurer qu’on écrit le caractère comme il faut, mais aussi d’en faciliter l’apprentissage. La règle générale pour écrire un caractère est donc de commencer par dessiner ces bâtonnets (strokes) de haut en bas, et de gauche à droite.
Si j’écris donc le nombre trois (qui est facile, youpiiiiie), je commencerai par le bâtonnet tout en haut pour finir par celui tout en bas. Si j’écris le mot rivière, je commencerai par le bâtonnet tout à gauche pour finir avec celui à droite.
Mais ça se complique – ça se complique toujours en chinois… si le caractère est composé de deux parties (par exemple le mot père…), il faudra commencer par la partie supérieure qui ressemblent à deux épées (en écrivant le bloc complet), et finir ensuite par la partie inférieure (qui ressemble à une tête de grenouille).
Et puis, on fait quoi quand on a un caractère qui part de haut en bas et un de gauche à droite – comme le mot dix ? Eh bien, les bâtonnets horizontaux doivent être dessinés avant les verticaux. On commencera donc par le bâtonnet à plat.
Les bâtonnets qui tombent sur la gauche sont dessinés avant les bâtonnets qui tombent sur la droite – comme dans le mot « yan »…
Eh puis bon, je ne vais pas tous vous les faire, il y a encore une dizaine de règles…. mais vous l’aurez compris, dessiner une lettre demande de la maîtrise. On ne peut pas faire n’importe quoi !
La signification des caractères
Comme je l’ai dit plus haut, certains caractères ressemblent à ce qu’ils signifient. C’est le cas du caractère bouche…
Des fois, il y a une logique imparable derrière. Le caractère arbre écrit deux fois l’un à côté de l’autre signifie le bois. S’il y a trois fois le caractère arbre, c’est la forêt. J’aime quand c’est comme ceci.
Jamie le résume d’ailleurs magnifiquement !
Et puis, il y a des associations très étranges – probablement culturelles… comme le mot peaceful, qui est composé du caractère femme et toit. Ou le mot docteur, qui est composé du caractère gros et homme. Là encore, c’est assez rigolo et facile à mémoriser mais si on ne connaît pas la signification du mot final (docteur), je ne suis pas sûre qu’en voyant écrit homme gros sur un papier, je puisse deviner ce qu’il veut dire.
Les supports
Outre l’effort de mémorisation colossal que cela demande, ma principale difficulté a été de trouver des supports adaptés pour apprendre à lire et écrire en chinois traditionnel. Il n’existe RIEN à ce sujet (à part des dictionnaires peu didactiques et terriblement décourageants). Le seul livre que j’ai trouvé est un livre sur le mandarin dans lequel, en amont du caractère simplifié, on peut voir le caractère traditionnel. Je peux ainsi me focaliser sur cette manière d’écrire plutôt que sur la simplifiée !
Mon bouquin recense 250 caractères. Si je me concentre bien et que je les apprends tous, vous serez ravis de savoir que je serai incapable de lire le journal…
J’espère au moins que je pourrai lire un menu de restaurant !
Mon Dieu…quel courage tu as! Bravo, je t’admire…que tu aboutisses ou pas! 😜
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Merci ! Au moins j’aurai compris la logique… et j’ai même compris comment ça se classait en bibliothèque ! Je l’expliquerai dans un prochain article 🙂
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Génial, ça donne presque envie…. (mais c’est obligé d’écrire à la plume 😂… ça marche avec le stylo pilot 😂 au cas ou…)
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Ca marche avec le stylo, le crayon… tout ce que tu veux. Même le doigt sur le téléphone.
A la plume c’est la calligraphie et ce n’est pas l’écriture du quotidien, ouf 🙂
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Encore une fois merci pour ce partage !
Ben alors quoi c’est tout simple 😃
Ça m’a donner envie de revoir « C’est pas sorcier » une émission que je n’aurai ratée pour rien au monde. Amitiés. Jacqueline
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