Ce week-end, nous sommes allés visiter la voisine de Hong-Kong, Macao! Situé à 60km de Hong-Kong, à une petite heure en ferry, ce petit pays a quelques points communs avec notre terre d’accueil, puisque c’est aussi une région administrative spéciale de Chine, qu’on y parle le cantonais et qu’il a été colonisé pendant longtemps – mais par le Portugal!
A part ceci, les deux villes se ressemblent peu! Voici le récit de nos aventures et de nos impressions!
Nous sommes donc partis samedi matin à la conquête de Macao. S’y rendre depuis Hong-Kong est très simple. Il suffit de prendre un des nombreux ferries qui s’en vont, toutes les quinze minutes depuis Sheung Wan. Les visas, le contrôle des passeports, tout se fait sur place, à Macao, comme dans un aéroport mais de manière beaucoup plus rapide et efficace!
Dans son roman poétique, Antoine Volodine nous dit « On arrive par la mer depuis Hong-Kong, on est comme enivré par sa propre émotion en face du paysage, devant cette expérience de beauté pure, de splendeur simple, on vient de glisser pendant une heure entre des îlots inhabités et une côte qui paraît déserte, inondée de lumière, pelée, dépourvue d’arbres ; on n’a cessé de frôler une surface où rien n’ondule, d’un vert de jade sombre, sur quoi les chalutiers de rencontre arborent des drapeaux rouges et se balancent comme des jonques. »
Je pourrais le paraphraser un peu. Je ne le ferai pas. C’est inutile. Il a tout dit… C’est donc ainsi qu’on arrive à Macao. Par la mer! Et c’est beau! Puis, lorsqu’on approche le terminal des ferries macanais, on est surpris : que font là des maisons typiques vénitiennes posées juste à côté de trois maisons hollandaises? Voilà Macao : un contraste poignant entre l’ancienne ville portugaise… et le kitsch blasphématoire des casinos qui y pullulent! Mais j’y reviendrai!
Nous débarquons aux alentours de 11h et nous nous dirigeons rapidement vers le centre. Dès les premiers instants, on sait qu’on est plus à Hong-Kong! Premier choc : les voitures s’arrêtent au passage piéton pour nous laisser passer!!! Puis, tout est écrit en portugais. C’est étrange de retrouver une langue latine, de pouvoir comprendre de quoi il en retourne, « naturellement »! Et ensuite, tomber devant des bâtiments colorés: blanc et jaune, blanc et bleu, blanc et rose, blanc et vert. La palette entière y est. C’est beau! Je ne suis jamais allée au Portugal mais ça donne envie!
Plus nous nous approchons du centre, plus il y a de monde – mais ce n’est rien comparé à la frénésie hongkongaise! La foule est majoritairement constituée de chinois de Chine. Mon oreille s’est habituée. J’arrive à savoir si les gens parlent le mandarin ou le cantonais! Ce sont des touristes puisqu’ils parlent le mandarin, très fort. Dans les échoppes, avec les commerçants, je suis contente. Je peux joyeusement mélanger les divers mots que je connais : Un Ley ho pour dire bonjour (en cantonais), deux trois indications en cantonais pour commander, puis un Obrigado en portugais pour remercier, parce que j’adore faire rouler les r! Et on me comprend!
Le centre ville est sublime! Un joyeux mix d’architecture portugaise, coloniale et chinoise. Des jardins soignés. Des églises et des bâtiments pimpants. Entre deux, des ruelles sombres ornées de balcons en fer forgé et de linge qui pend aux fenêtres. Des pavés noirs et blancs, formant des fresques sur le sol… des boulangeries mêlant pâtisseries chinoises et portugaises. Nous nous en donnons à cœur joie. Vers midi, nous testons un petit restaurant et c’est là toutes les saveurs du Portugal dans notre bouche. J’avoue ne rien connaître aux spécialités lusitaniennes, à part les gâteaux que nous amenaient parfois ma collègue I. au travail! Mais je découvre tout un monde de goûts! C’est délicieux!!! Après une petite entrée faite de croquettes de morues, Nicolas a testé un morceau de viande avec une sauce à faire pâlir Gargantua, et j’ai opté pour une crevette géante à l’ail incroyable! Puis nous repartons visiter la ville (et tenter de perdre les calories que nous venons d’ingurgiter). Nous avons notamment admiré les ruines de Saint-Paul, le square Senado, la Holy House of Mercy, le Teatro Dom Pedro V, la bibliothèque Sir Robert Ho Tung (on ne change pas ses vieilles passions), et pleins d’autres choses encore!
Et le soir avançant, nous nous sommes dirigés vers les casinos. Je ne suis pas une grande fan de ce type d’activités, mais passer à Macao sans aller voir ces temples de la démesure, c’est comme aller à Las Vegas sans
se marier avec un inconnu entrer dans un casino ;-). Nous avons donc décidé de commencer fort et sommes allés voir The Venetian, l’un des plus grands casinos au monde! The Venetian c’est un immeuble de 39 étages, comprenant notamment 350 boutiques, 30 restaurants, un centre de conférence, une salle de spectacle de 15’000 places et un nombre de machines, tables, jeux impossible à compter. Devant le bâtiment une foule de gens se pressent! Une majorité écrasante de chinois. Nous sommes les seuls occidentaux à la ronde. Je ne savais pas à quoi m’attendre en terme de vêtements et étais gênée d’arriver en jeans mais il y a de tout ici : des femmes en robe et talons à celles en training (de marque ou non), des hommes en costumes 3 pièces à ceux qui portent une veste rapiécée… tout se mélange sans problème. Dans l’édifice, la décoration est flamboyante : tout est rouge et doré, de la moquette aux lustres! La foule se presse autour des tables de baccarat, des jeux de dès, des roulettes, des machines à sous, le dai-siu (un jeu de dés où il faut parier les sommes des dés lancés), le pai-ko, avec des dominos… Les joueurs sont concentrés. Certains font d’étranges rituels, embrassent les cartes avant de les poser, ou les caressent avec les doigts en disant des incantations. Nous nous promenons entre les tables. Nicolas cherche à comprendre les règles – y parvient souvent et ensuite me les explique! Pour ma part, je suis fascinée par la beauté des mains des croupiers. Ils ont des ongles parfaits, manucurés, polis. C’est ridicule mais les regarder distribuer les jetons, mélanger les cartes avec ces mains-là, c’est très joli!
Nous montons alors à l’étage, là où les boutiques de luxe se trouvent afin de dépenser sa mise! Et là, je reste estomaquée. Je ris tellement c’est… ridicule? kitsch? incroyable et fascinant en même temps? Au 2ème étage du casino se trouve Venise ! Un quartier complet de Venise, en carton pâte, avec des canaux remplis d’eau, des bateliers poussant des barques sur lesquelles on peut faire un tour, un ciel étoilé est peint… on trouve les architectures typiques de la ville, le pont du Rialto, le palais des Doges! Mais tout est plus neuf, plus coloré, sans défauts. Les chinois qui fantasment l’Europe au travers de ces décors doivent être bien déconfits en découvrant la Venise usée par les eaux, sale, humide, envahie par les pigeons que l’on connaît! On monte encore un étage et nous sommes à Paris. On peut admirer une tour Eiffel quasiment aussi grande que la vraie, la place des Vosges, le quartier Latin… on peut manger dans des Brasseries qui servent de la cuisine française, croiser quelques danseurs habillés en « parisien cliché » – petit haut rayé rouge et blanc, bérets, baguettes sous le bras, jupettes ultra courtes pour les filles, qui se déhanchent dans les « rues » sur du Edith Piaf remixé. A nouveau, j’ai une pensée émue pour les touristes chinois qui visitent réellement Paris après ça…
Nous marchons donc dans ces dédales de couloirs, où s’alternent salles de jeux et décors invraisemblables. Puis nous finissons dans un deuxième casino, appelé Studio City, qui, contrairement au Venetian, nous propulse à Hollywood : décors de cinéma, dinners, dinosaures qui bougent. Et au milieu de tout ceci, nous testons une animation en 4D sur Batman, une attraction digne d’un des meilleurs parcs à thème! Tout est bon ici pour amuser les parents et les enfants! Nous ressortons alors de ce monde de paillettes pour retrouver la vraie ville, faite de pavés, d’histoires!
Le lendemain, il pleut des cordes. Nous rencontrons quelques français, « des flambeurs » comme ils se décrivent eux-mêmes, habitués de Las Vegas et venus ici pour changer, pour voir comment c’est… « Les chinois sont moins fous que les américains » disent-ils. C’est vrai que les chinois prennent le jeu au sérieux. En Chine continentale, les jeux d’argent sont illégaux – que ce soit en vrai ou sur Internet. Macao est donc une parenthèse pour eux, surtout en sachant que dans la culture chinoise, le jeu est omniprésent!
Bref, malgré la pluie, nous nous lançons à l’assaut des ruelles. J’ai très envie de visiter la maison du Mandarin. En nous dirigeant vers celle-ci, nous tombons sur une jolie église avec un style portugais classique : le toit en forme de coque de bateau et les couleurs pastel. Là, une petite bonne sœur macanaise franciscaine nous fait une visite guidée. Elle est adorable. Toute contente de rencontrer des européens, elle nous emmène visiter une autre église dans laquelle nous pouvons voir le radius de Saint Joseph dans une sorte de petit bocal – une relique très précieuse, nous dit-elle !
Nous la quittons ensuite pour retourner à notre quête : la maison du Mandarin, que nous ne trouverons jamais. Nous finirons la visite dans un petit temple dédié aux Dieux de la mer, qu’ils soient taoïstes ou bouddhistes. Il pleut à verse. Mes baskets sont tellement trempées que j’ai l’impression d’avoir les pieds serrés entre deux éponges mouillées. C’est désagréable. Nous retournons alors gentiment vers le centre ville avant de nous rendre au terminal des ferries pour rentrer.
Nous n’avons eu qu’un minuscule aperçu de Macao. Il y a encore tant à découvrir. J’aimerais notamment voir le Red Market, Coloane, le quartier des trois lampes et j’en passe. En 2 tous petits jours, nous n’avons pas eu le temps de faire un dixième de ce que j’avais prévu. Il faudra donc que nous y revenions!!!
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